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TogglePourquoi avez-vous choisi l’entrepreneuriat au lieu d’un parcours plus classique
Julien Barthès : Je crois, après mes études d’ingénieurs, j’avais un parcours trop tracé, trop classique. Il me manquait l’adrénaline. Aussi j’aime être au contact de la vie réelle, des vraies personnes et pas uniquement de travailler dans un bureau et des réunions avec des personnes ayant la même formation.
L’entrepreneuriat, c’est un ascenseur émotionnel permanent, mais je préfère ça à la routine. Chaque jour est une nouvelle bataille à gagner, et honnêtement, c’est ça qui me fait vibrer !
Quand j’ai quitté le groupe Safran, le grand directeur a eu l’humilité de venir à mon pot de départ et m’a encouragé « il est temps de laisser les jeunes faire leur expérience, ils reviendront avec de la nouveauté ». Je n’imaginais pas un instant ce qu’il voulait dire. Et vous n’imaginez pas ce que j’ai pu déjà apprendre dans l’entreprenariat que je n’imaginais pas même exister.
À quoi ressemble une journée type pour vous ?
Julien Barthès : Mes journées sont denses et rythmées ! Un matin, je suis en rendez-vous, plus tard sur un chantier, puis sur les réseaux en train d’échanger avec ma communauté. Je travaille souvent tard et les week-end sur les tâches administratives.
Entre deux, je gère les imprévus (parce qu’il y en a toujours). Mais peu importe l’agenda, ma priorité reste la même : faire bouger les chantiers. Et bien sûr, finir la journée avec un bon verre de vin, parce qu’il faut savoir savourer les victoires, petites ou grandes !
Mon moment préféré : le rangement de fin de chantier. La petite mise au propre qui révèle, enfin, tout le travail accompli ! Souvent des mois d’échange avec le client, de réalisation de plan et de simulations, des contraintes techniques, pour enfin voir le résultat.
Quels sont les critères pour réussir un bon projet de rénovation ?
Julien Barthès : Une bonne rénovation, c’est comme une bonne recette de cuisine : il faut les bons ingrédients et un cuistot qui sait ce qu’il fait.
Déjà, il faut bien définir ses besoins et son budget. Je vois plein de gens qui veulent isoler et prennent une fenêtre coulissante ALU. Ou bien d’autres qui veulent une esthétique fine et se retrouve avec du PVC. Une menuiserie, on la garde 40 ans ! Ce n’est pas le moment de faire un mauvais choix au rabais.
Ensuite, choisir des pros compétents (et pas le premier devis le moins cher, parce qu’on sait comment ça finit…). Enfin, il faut être patient et réaliste : un chantier sans imprévus, ça n’existe pas. Mais avec de la rigueur et un bon accompagnement, le résultat en vaut la peine.
Quel est votre rapport au stress et à la pression ?
Julien Barthès : Je l’adore ! Ou plutôt je ne le subis jamais. Quand je suis au travail, je me sens bien. Je fais avancer des dossiers, j’ai l’impression de bien travailler. Croyez-le ou pas, mais mon pic de stress est systématiquement en vacances. Le stress vient de ne pas agir sur ce qui peut être sous notre contrôle.
Si tu veux être entrepreneur, il faut apprendre à transformer le stress en carburant. Bien sûr, il y a des moments où c’est intense, mais c’est ça qui te pousse à avancer. Le tout, c’est de garder un équilibre. Un entrepreneur qui ne sait pas prendre du recul finit cramé en moins de deux ans.
Quelles sont les erreurs les plus fréquentes que vous voyez dans le secteur de la rénovation ?
J.B : La précipitation et le manque de transparence. Beaucoup d’entreprises acceptent trop de projets sans pouvoir les gérer correctement, ce qui mène à des délais interminables et des clients frustrés. D’autres font des promesses impossibles juste pour signer un contrat.
Et croyez-moi je l’ai vécu à l’intérieur même de mes sociétés. Tu as des collaborateurs qui préfèrent vendre à perte pour toucher 10 euros de commission, plutôt que de faire les choses biens. Cela finit aussi toujours mal.
Un dernier point hyper important : il ne faut pas toujours tout changer ! Ce n’est pas parce que c’est neuf que c’est mieux. Et ce n’est pas parce que c’est estampillé de la sacro-sainte « isolation » que la qualité est au rendez-vous. Pour isoler on met du plastique ou du gaz entre deux tranches d’un matériau solide. Si tu as des menuiseries de 1970, super costauds, avec des vitrages feuilletés de partout et des renforts, un changement pour une gamme standard est absurde. Soit, tu peux mettre le budget pour du Schuccö, du Technal ou du Internorm, soit tu n’y vas pas.
Quelle a été votre plus grande galère entrepreneuriale, et comment l’avez-vous surmontée ?
J.B : Oh, il y en a eu des belles ! Mais le plus flagrant pour moi, c’est le recrutement qui m’a coûté cher. J’ai voulu aller trop vite et j’ai fait confiance à des mauvaises personnes. Seul le propriétaire a un intérêt à faire tenir une boutique. Même un ancien entrepreneur ne sera qu’un salarié une fois à bord. Chacun son travail et je l’ai compris bien trop tard. Et le salaire n’y change rien.
Il faut réussir à aligner les intérêts de tous, que jamais personne n’est un intérêt à dégrader les choses. Ou alors il faut prendre les devants et oser parler d’un arrêt de la mission. En France, il y a plein de « moments » où l’intérêt est ailleurs, une retraite proche, un projet personnel plus important, des droits au chômage qui permettent de tester l’auto-entreprise. Le boulot du patron est de le déceler tôt et de jouer carte sur table.
Qu’est-ce qui vous distingue des concurrents ?
J.B : Notre approche. Beaucoup d’entreprises vendent des fenêtres, des portes, des volets. Nous, on vend de la tranquillité d’esprit. Nos clients savent qu’ils auront un service transparent, des produits de qualité et un vrai suivi. Pas de mauvaises surprises, pas de promesses en l’air. On veut que nos clients nous recommandent les yeux fermés, et pour ça, on fait les choses sérieusement. Cela m’est arrivé d’avoir des clients qui attendent plusieurs mois un devis car ils veulent passer avec moi.
Vous l’aurez compris, je préfère la phase du chantier et du projet, à la phase d’avant-projet. Je crois même que cette phase doit mûrir chez le client. Forcer la vente en apportant trop de conseils est le meilleur moyen de rater un chantier. En laissant le client faire mûrir son projet, en le laissant se cultiver sur le sujet, sans être trop « pushy » alors vous avez des projets à maturité et l’entrepreneur peut s’amuser à réaliser ce que le client veut vraiment. Arriver en fin de chantier pour se rendre compte que le client voulait autre chose, c’est juste inintéressant. Un tel projet prend du temps, c’est comme ça.
Quelles sont les nouvelles tendances dans le secteur de la menuiserie et de la rénovation ?
J.B : Je vais être sans doute à contre-courant sur le sujet. Il y a autant de réponses que de projets. Le pire des projets : celui qui veut rénover car IL FAUT rénover, soi-disant pour faire des économies.
Changer ses fenêtres alors qu’on a un mur qui laisse remonter l’humidité, c’est stupide.
Mettre un coulissant ALU pour isoler, c’est tout aussi illogique. Ils écrivent « rupture de machinchouette thermique » justement parce que l’ALU est par définition moins isolant que les autres matériaux.
De la même façon, vous verrez sur toutes les pubs de fenêtres PVC l’éloge du « minimaliste » et des montants fins. C’est la même logique, c’est justement car ce matériau est mauvais sur la finesse que les fabricants se battent pour en faire l’éloge.
Et si on remettait l’église au milieu du village ?
Parfois le mieux est l’ennemi du bien. Comme on dit, pour l’artisan que je suis, il vaut mieux mesurer dix fois et fabriquer une fois que l’inverse. Pour le client, il vaut mieux réfléchir dix fois, et réussir une fois que regretter dix ans le mauvais projet.
Dernière question sur l’usage des réseaux sociaux dans votre communication
J.B : Les réseaux sociaux, c’est la meilleure manière de montrer l’envers du décor. J’y partage mes réflexions, mes réussites, mais aussi les galères (parce que l’entrepreneuriat, ce n’est pas une success story en ligne droite).
J’ai envie de tout raconter, et encore, je me restreins pour que les messages restent clairs et efficaces. C’est aussi formidable de pouvoir communiquer sans payer des fortunes, cela se ressent sur nos devis ! C’est comme la boutique en ligne qui fait son apparition. Si le client accepte de se prendre par la main pour le devis, alors on gagne facilement 10% sur le prix final. Je n’ai pas à payer un commercial. La suite étant la même puisqu’un passage technique est systématique avant de lancer le chantier !
C’est un super outil pour échanger, inspirer et rester proche de ceux qui nous suivent. On est dans une ère où la confiance se construit avec de la transparence, et ça passe aussi par là. Et puis, soyons honnêtes, c’est aussi fun de partager les coulisses !